Interview de Mr Lionel Saugues

Mr Lionel Saugues et moi-même, nous sommes rencontrés sur facebook car, bien que nous n’ayons pas les mêmes sensibilités politiques, nous partageons aujourd’hui une vision assez proche en ce qui concerne la situation du commerce à Saint Etienne. Hier, j’ai eu le plaisir d’aller le voir et de discuter avec lui.

Bonjour Lionel, tout d’abord, pourrais-tu présenter ton parcours à nos lecteurs ?

Bonjour Fabrice, Bien sûr avec plaisir. J’ai 43 ans. Mon père était Major dans l’armée de l’air. Sa famille est originaire de la Haute Loire et celle de ma mère de Nîmes. Durant mon enfance j’ai beaucoup voyagé en France ou en Afrique au gré des différentes affectations de mon père. J’ai fait des études d’Aménagement et d’Urbanisme puis en 2000 j’ai obtenu un DESS spécialisé dans le Conseil et l’Ingénierie territoriale à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne. J’ai ensuite successivement travaillé dans d’importantes collectivités locales de la region ainsi que dans des structures en charge du développement des entreprises. Depuis 2014, je suis Administrateur et membre du Bureau de Centre-Ville en Mouvement, structure qui regroupe des élus locaux, des parlementaires ou encore des experts du monde du commerce. La mission de cette structure consiste à conduire des réflexions visant à favoriser l’attractivité et la vitalité des centres-villes en France et en Europe. En juin dernier, j’ai eu le plaisir et l’honneur d’avoir ete nomme Vice-Président de la Confédération des Commerçants de France. Par ailleurs, je suis marié et papa d’un garçon de 12 ans.

Les stéphanois te connaissent surtout parce que tu as été pendant 4 ans Adjoint au Maire en charge du Commerce et de l’Artisanat dans l’équipe de Mr Perdriau avant de démissionner.

Oui, j’ai effectivement intégré l’équipe de Gaël Perdriau en tant que personnalité de la société civile pour aider à la reconstruction du centre-ville de Saint-Etienne. J’avais vraiment à coeur de mettre mes compétences et mes réseaux au service de la ville de Saint Etienne et de ses commerçants et artisans en cohérence avec mes valeurs et mes engagements. Pendant 4 ans, je me suis investi sans compter avec les élus de ma délégation et les équipes techniques de la ville. Malgré un contexte national très difficile, nous avons obtenu de vraies réussites. Mon équipe et moi avons été très présent sur le terrain. De nouveaux commerces ont ouvert et de nouvelles enseignes nationales (Monoprix, Bagelstein, Adidas, Kusmi Tea, Jott, ) sont venues s’implanter par dizaines à Saint Etienne. Les unions commerciales ont été soutenues et des associations ont été créées ou relancées avec notre soutien (dans les quartiers de Sainte Catherine, de Saint Jacques ou à Chavanelle par exemple). Nous avons aussi travaillé sur la redynamisation des grands événements commerciaux tels que le concours Commerce design ou le marché de Noël sans oublier la question essentielle du soutien aux marchés Stéphanois. Enfin, pendant les années durant lesquelles j’ai exercé mes fonctions d’Adjoint au Maire, notre ville a enregistré une hausse inédite de commerces de 7% entre 2014 et fin 2016. En 2017 aussi, cette dynamique d’ouvertures a été supérieure aux fermetures de magasins.

Devant tant de réussites, pourquoi as-tu démissionné ?

Alors bien sur, ces signes encourageants ne doivent pas pour autant nous faire oublier les problèmes rencontrés par certains de nos commerçants ou encore le taux de vacance commerciale encore beaucoup trop forte à Saint-Etienne. Il aurait donc fallu poursuivre et intensifier la dynamique que nous avions mise en place or les moyens, à la fois financiers et humains, n’étaient pas du tout à la hauteur des enjeux contrairement a ce qui avais été promis pendant les élections. Par ailleurs, de nombreux cadres au sein des services techniques ont décidé de quitter l’équipe à l’image de plusieurs directeurs généraux. Il aurait fallu aussi de la cohérence. or Parallèlement, le projet Steel qui ne figurait dans aucun programme électoral a refait surface en cours de mandat par l’intermédiaire de l’EPA (Etablissement Public d’Aménagement) de Saint-Etienne présidé par le Maire.

Mais, au début, tu étais plutôt pour le projet Steel qui va d’ailleurs créer des centaines d’emplois… ?

A l’origine, le projet Steel devait effectivement venir compléter l’offre commerciale du centre-ville de Saint Etienne. Il devait ainsi être orienté principalement sur des magasins d’équipement de la maison mais les orientations ont changé avec l’implantation de plusieurs enseignes de prêt a porter déjà présentes en centre ville (Mango par ex exemple) ou concurrentes. Or Si cette complémentarité n’existe plus demain, alors tous les projets que nous avons mis en route n’auront servi a rien et nos commerçants se retrouveront en grandes difficultés. Il convient aussi de se demander si le marché et le contexte économique de notre ville permettront d’absorber l’impact d’un nouveau pole périphérique de cette ampleur alors que de nombreux autres projets commerciaux se sont développés ces dernières années dans notre Métropole ! Bien évidemment, des centaines d’emplois vont être créés avec le projet Steel et c’est une bonne chose. Pour autant, combien de commerçants indépendants vont devoir mettre la clef sous la porte ? Combien d’emplois et d’activités en centre-ville vont disparaître ? La situation catastrophique de la galerie Dorian, le quasi arrêt depuis 6 mois de toute nouvelle implantation d’enseignes en centre-ville doivent nous faire réfléchir collectivement. Si le centre-ville de Saint Etienne se retrouve durablement en difficultés, la responsabilité de l’équipe municipale actuelle sera pleine et entière. Par ailleurs, ce qu’il y a d’effarant c’est que ces décisions vont à l’encontre de ce qui se fait au niveau national en matière de revalorisation des centres-villes et qui sont mis en place par les différents maires de France, quelques soient leurs sensibilités politiques ou par le Gouvernement avec le programme national « Action coeur de ville » doté de 5 milliards d’euros.

Une ville vit bien sûr grâce à ses commerces mais aussi grâce à toutes ses associations, Ses amicales laïques, ses centres sociaux…

oui, tu as complètement raison Fabrice et je voudrais rendre hommage à toutes les personnes, salariées ou bénévoles, qui se mobilisent au quotidien dans ces structures si importantes pour notre ville et nos quartiers !


Beaucoup d’associations vivaient grâce aux contrats aidés qui ont été supprimés par le gouvernement Macron que tu soutiens, à travers le mouvement « En marche »…

A titre personnel, j’étais contre la suppression des contrats aidés et j’ai eu l’occasion de m’exprimer a ce sujet en Conseil municipal. Pour autant, il faut reconnaître que le Gouvernement cherche tous les moyens pour réduire drastiquement les dépenses publiques qui sont beaucoup trop élevées dans notre pays.

Le 26 août, Mr Gaël Perdriau a publié, sur facebook, un communiqué dans lequel il a déclaré qu’il ne pourrait pas aider les associations, étant donné que l’Etat avait supprimé les contrats aidés ? Quel est ton avis là-dessus ?

Si l’Etat a supprimé les contrats aidés, il a aussi mis en place d’autres types de contrats. Je ne sais pas si ces nouveaux contrats pourront compenser la suppression des contrats aidés mais il est clair que, dans notre département, ces dispositifs sont encore beaucoup trop sous-utilisés ! Je rappellerai également qu’il est de la responsabilité d’un maire de faire les bons choix pour sa ville et de prendre ses responsabilités sans toujours se défausser sur l’Etat. Pour réaliser les aménagements et les voiries autour du projet Steel ou pour la construction de la 3ème ligne de Tram (qui revient à 73 millions d’euros hors taxes), des fonds publics conséquents ont pu être mobilisés sans aucun problème. Il peut en être de même pour nos associations, a condition de le vouloir vraiment et d’en faire une priorité politique!

Nous allons nous arrêter là même si il y a encore beaucoup à dire notamment sur l’animation des différents marchés de la ville. Nous en reparlerons peut-être une autre fois. Je te remercie d’avoir accepté cette interview et, si tu as, dans les prochains mois, des informations à communiquer au sujet de différents événements qui se dérouleront dans la région, n’hésite pas à me les transmettre, je les publierai, en accord avec Philippe Bariol, dans le média citoyen « Sainté Debout ».

Merci Fabrice… Je voudrais terminer en soulignant, qu’au delà des différentes sensibilités de chacun, sur le plan local, il y a de nombreuses personnes de bonne volonté qui pourraient oeuvrer ensemble pour le bien être de la région stéphanoise et de ses habitants.

Je le crois aussi…